Des récentes recherches, impliquant qu’un artiste se tatoue la jambe, indiquent que les marques de l’homme des glaces Ötzi ont probablement été réalisées par « piqûre à la main » plutôt que par incision il y a plusieurs milliers d’années, ce qui remet ainsi en question les théories antérieures sur leur origine.
Elle nous en apprend tous les jours davantage sur la vie quotidienne et les pratiques de l’âge de cuivre européen : la momie préhistorique de l’homme des glaces Ötzi, découverte dans les Alpes en 1991. Les études successives sur son corps, bien conservé dans la glace durant environ 5 300 ans, ont déjà permis de découvrir ce qu’il portait et mangeait, avec quoi il se battait, les pathologies desquelles il souffrait… Les dernières en date nous révélaient à quoi il aurait pu réellement ressembler.
De nombreuses recherches sont aussi menées sur les 61 tatouages, des plus mystérieux, dont il est recouvert. Un nouveau rapport, publié dans l’European Journal of Archaeology le 13 mars 2024, suggère qu’ils n’auraient pas été réalisés en coupant la peau et en frottant la suie dans la plaie, comme cela a été précédemment suggéré.
Il est en revanche plus probable qu’une technique manuelle proche du « handpoke » – « piqûre à la main », encore employée de nos jours – ait été utilisée pour marquer son derme de ses fameuses lignes parallèles et croix, montrent les résultats des chercheurs.
Comparaison des tatouages de Danny Riday (AF) avec ceux d’Ötzi (G). © Deter-Wolf A, Robitaille B, Riday D, Burlot A, Sialuk Jacobsen M. Chalcolithic Tattooing: Historical and Experimental Evaluation of the Tyrolean Iceman’s Body Markings. European Journal of Archaeology. Published online 2024:1-22. doi:10.1017/eaa.2024.5

Aaron Deter-Wolf est premier auteur de l’étude et spécialiste en tatouage ancien pour le Département de l’environnement et de la conservation de l’État du Tennessee (États-Unis). Selon lui, la forme des lignes tatouées effectuées par « handpoke », parfois très semblables à celles accomplies avec les machines modernes, dépend de la pointe utilisée. Dans le cas d’Ötzi, elles semblent avoir été réalisées avec une alêne, outil pointu un peu plus grand qu’une aiguille employée pour percer des trous dans des matériaux (cuir, tissu). « Aucun instrument de tatouage n’a encore été identifié de manière concluante dans les assemblages de l’âge du cuivre », précisent toutefois les auteurs dans leur étude.
Il se pourrait ainsi que sur des sites archéologiques, des alênes dédiées au tatouage ont été par le passé classées, à tort, comme des outils réguliers, indique Aaron Deter-Wolf. Si ces résultats fournissent « des preuves convaincantes quant à la méthode de tatouage probablement utilisée dans l’âge du cuivre européen », ses collègues et lui préfèrent rester prudents ; les données sur les premières méthodes de tatouage dans cette région alpine restent limitées.
Ils ajoutent en outre :
« Les comparaisons physiques entre les marques de l’Homme des glaces et les résultats des tatouages expérimentaux sont basées sur des tatouages guéris observés sur une peau vivante et intacte. »
« L’épiderme de l’Homme des glaces est pour la plupart, voire entièrement, absent, et le potentiel de changements taphonomiques sur ses tatouages après des millénaires d’exposition à la glace est inconnu. »
Une autre interrogation ne trouve pas de réponse : celle de la fonction et/ou du symbolisme des tatouages de l’homme de glace, de très secrètes lignes parallèles superposées et marques ressemblant à des signes « plus ». La plupart auraient autrefois été recouverts par ses vêtements, si ce n’est une sorte de manchette sur son poignet gauche. Des études antérieure sont suggéré que nombre d’entre eux auraient pu être thérapeutiques, placés à l’endroit de blessures ou de maladies comme forme primitive d’acupuncture. En attendant que de plus amples analyses ne soient menées, les chercheurs concluent :
[…] « nous espérons que nos découvertes inspireront des recherches informées sur les artefacts de tatouage potentiels, y compris des analyses d’usure et de résidus, qui pourraient éclairer davantage notre compréhension des traditions de tatouage chalcolithique en Europe centrale. »
Deter-Wolf A, Robitaille B, Riday D, Burlot A, Sialuk Jacobsen M. Chalcolithic Tattooing: Historical and Experimental Evaluation of the Tyrolean Iceman’s Body Markings. European Journal of Archaeology.
https://www.geo.fr/histoire/otzi-les-techniques-ancestrales-derriere-ses-tatouages-vieux-de-5-300-ans-revelees-piqures-main-handpoke-suie-219515
